EXTRAIT
Q : José, A quoi sert l'ayahuasca ?
José : L'ayahuasca, nos ancêtres la prenaient pour voir si la famille allait bien ou était malade.Si on avait des mauvais rêves, des visions de cadavres, de fantômes, de Satan ou de lutins,certains pouvaient comprendre que quelque chose va affecter quelqu’un de manière négative, ruiner son corps.Alors on prenait l’ayahuasca. Ça permet de voir et on demande une réponse.Parfois c’était le signe d’un danger et on partait de la maison.On la prenait pour voir si un membre de la famille aller venir, une tante :elle va venir se faire soigner, on le sait maintenant. Et aussi pour apprendre aux jeunes, aux enfants. Ils me disent, grand-père, nous voulons apprendre, que tu nous enseignes.Nous voulons avoir des visions. Toi, tu vois, nous aussi nous voulons voir. On prend au début le tabac, peu à peu pour apprendre. Cela c’est bien passé, alors demain on prendra un peu de médecine, c’est le bon moment, la lune est obscure…Et quelquefois aussi, comme je suis chaman, curandero, je vois la gravité de la maladie si je pourrai soigner ou pas et ce que je devrai préparer pour le patient. C’est comme une étude du patient, c’est pour cela que nous buvons.Je vois par exemple qu’il va guérir en une semaine et ma femme Rosita me dit : « aides-le, c’est un membre de ma famille ». On m’a protégé, alors moi aussi je dois protéger les autres.Même s’il n’est pas de la famille, tous les 15 jours ou plusieurs fois par mois, je dois prendre la médecine pour soigner. Puis aussi, nous la prenons pour maintenir notre corps et aussi contrôler, être vigilent et protéger notre âme.
Q : Quand tu soignes un patient, comment le vois-tu avec la médecine ?
José : Comme j’ai la vision, je prends l’ayahuasca, je vérifie, j’examine. En premier lieu, je demande
au patient : « Qu’est ce qui se passe ? Tu t’es cogné, on t’a maltraité, t’a poussé ou tu es tombé tout seul, tu as glissé ?
Comment cela s’est-il passé ? ». Le patient répond : « J’étais bien, je me suis baigné de nuit. Il est arrivé une odeur de pourri, j’ai eu mal à la tête et une chose m’a
affecté. J’ai vomi, mais ça ne passe pas. Je suis allé à l’hôpital, il n’y avait pas de médicaments pour ça. On m’a dit d’aller voir un curandero. C’est pour ça que je viens te voir. Bien, comme
je suis guérisseur, dans un premier temps, on va couper des plantes vertes pour te nettoyer.Après, je
prendrai l’ayahuasca et on va voir. Je sais déjà que ce n’est pas beaucoup.Parfois, le patient me
demande de le « couronner » pour avoir des forces (et des protections).
Q : Mais comment vois-tu le corps avec l'Ayahuasca ?
José : Je le vois comme dans une
opération (chirurgicale). Je l’ouvre et je vois la partie affectée. Je vois si le sang est affaibli,
si le pou est faible, une fois le cœur ouvert. Et ce qui est atteint, je le suce pour le retirer. Je crache et je te montre au
patient. Je répète plusieurs fois et je demande : « Comment tu te sens ? Tu es
bien ? ».Le patient me répond « Oui, cela m’a allégé. Je me sens mieux.
Aide-moi encore grand-père ! ».
Q : Tu vois une couche d’énergie autour du corps ?
José : Oui. Quand il y a la tâche (dans le corps), je vois comme une vibration de l’air contaminé par des produits chimiques, le sang ou le corps est affaibli.Cette tâche, une fois sortie du corps, sent mauvais. C’est ça que j’enlève.On fait un bain de vapeur avant, puis un soin et on enlève ce mal et la personne se recompose (guérit), elle revit.
Q : Penses-tu que nous provoquons nos propres maladies ?
José : Les esprits peuvent faire du mal, c’est ce que j’ai appris. Par exemple, les mauvais esprits que
je connais, je peux les souffler.
Ce mauvais air, ce mauvais vent d’où qu’il vienne, je l’enlève et une fois libre, il peut contaminer une autre personne saine. S’il
rentre, la personne va se sentir mal. Les gens disent que cela vient des guérisseurs.Mais cela est
faux, c’est parce que la personne s’est battue ou s’est mal comportée qu’elle devient perméable à ce mauvais esprit (errant).« Quand nous nous disputons, nous tombons malade. On peut le dire ainsi ? »Exact, si on se comporte bien, (le mauvais esprit) choque mais ne rentre pas.Il (pénètre et) rend malade, si on se dispute, si on crie, si on est coupable et là on peut en mourir.
Q : Quand tu soignes, dans la guérison, le patient a son rôle à jouer ?
José : Comme je l’ai déjà dit, le patient sent lui-même où il a mal.Par exemple, à l’estomac, au vagin, à la colonne vertébrale, à la gorge, au poumon, au cœur, il me
guide.Alors j’applique un appareil (une pierre noire) ou une boule de tabac à cet endroit pour enlever
le mal.Et le patient me dit : « Je veux guérir, j’ai foi en vous, j’ai la foi ».
Avec cette foi, cela garantie la guérison, nous guérissons.
Mettre la foi en jeu pour se soigner. Les patients arrivent et n’ont pu se soigner avec d’autres
guérisseurs.Comme je l’ai dit, chacun a sa part dans la guérison (le patient et moi).
On doit avoir la foi tous les deux pour pouvoir nous sauver : « Lorsque tu seras soigné, tu ne me remercieras pas, tu remercieras l’Etre Suprême car c’est lui qui t’a
guéri ».